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Français autour du monde
13 mars 2009

Nitt en France

Retour en france avec Naik:

-Hasard ou volonté, comment es-tu devenue prof. de FLE?

Les deux! Je voulais devenir orthophoniste et en attendant de réussir à entrer dans une école, j'ai entendu parler de la fac de sciences du langage, un domaine qui m'a tout de suite intéressée car je me suis toujours bien entendue avec les langues. J'ai donc débuté mes études et continué à passer des concours, jusqu'au jour où j'ai commencé à réfléchir sérieusement à une autre possibilité à cause de l'investissement que représentaient les-dits concours. J'ai pensé aux métiers de l'enseignement, cependant je ne me voyais pas enseigner une autre langue que la mienne puisque je ne me sentais pas compétente sur l'anglais ou l'italien, que j'avais appris. Puis lors des pré-inscriptions en licence, j'ai entendu parler du FLE. Ayant loupé ma deuxième année de DEUG parce que j'avais placé mes amis avant les études, j'ai eu une bonne année de réflexion, et j'ai plongé. Depuis, c'est une passion, j'ai fait un mastère de didactique du FLE et chaque cours est un régal.

-Ou enseignes-tu actuellement et quel est ton public ?

Je suis bénévole dans une école en banlieue parisienne (Seine Saint Denis), où je donne des cours de soutien de français avec les méthodes FLE/FLS ; je m'occupe d'une poignée d'élèves de troisième qui ont besoin de remonter leur niveau en français, à raison de 2h30 par semaine. Ca remplit un peu mon emploi du temps - et mon CV - de prof à la recherche d'un emploi et ça entretient la flamme. Et puis je donne des cours particuliers de FLE à une Japonaise qui a épousé un Français. Après plusieurs mois sur la phonétique et un peu de culturel, je vais aborder des aspects plus littéraires pour lui permettre d'appréhender la culture sous-jacente de notre pays, ce qui fait notre mode de pensée.

2008_0311paris0004

-Comment s'est passé ton installation dans ton pays actuel ?


Joker! Je suis revenue en France il y a 3 mois après 3 mois dans une famille américaine, à Long Island, à qui j'enseignais le français. L'installation n'a pas été compliquée alors, puisqu'il y avait une chambre pour moi dans la maison et que je faisais partie de la famille... N'ayant fait aucun autre voyage en tant que prof, je ne peux rien dire de plus. Mais ça viendra!

-Avantages et inconvénients, c'est comment être prof. de Fle ?


Passionnant, fatigant, frustrant parfois, mais ça ça dépend généralement des collègues qui peuvent manquer de pédagogie ou des demandes des supérieurs sur lesquelles on coince un peu, et si les cours sont bien organisés je ne vois pas de gros soucis.
J'ai choisi ce métier pour plusieurs raisons : je voulais échapper au public d'enfants ou d'adolescents qui ne viennent en classe que par obligation, donc je souhaitais travailler avec des adultes, et des gens motivés. Le FLE se fait généralement avec des gens qui ont envie d'apprendre le français, c'est très souvent un choix venant d'eux, il y a donc une part du travail de prof traditionnel qui s'efface. L'autre avantage des adultes est qu'ils ont une histoire, et si on enseigne en France on a toutes les chances d'avoir une classe internationale avec une richesse culturelle et humaine extraordinaire. Je voyage autant en prenant l'avion qu'en discutant avec mes apprenants et en les faisant parler d'eux, de leurs pays et de leur histoire. C'est ce que je préfère dans ce métier. L'autre raison qui m'a fait choisir le FLE est la possibilité de bouger partout dans le monde. Je raffole des voyages et j'ai pris la manie de tomber amoureuse de tous les pays que je visite... Par conséquent profiter de ce métier pour découvrir le monde d'abord en me déplaçant, puis dans quelques années en me fixant sur la France, voire en travaillant aussi un peu au Japon, si j'en trouve le moyen, et voyager par mes apprenants, sera un grand bonheur.
Pour y arriver, il me faut d'abord un emploi, et c'est là que ça coince dans ce métier : les conditions d'embauche sont monstrueuses. Plus que partout ailleurs on vous demande une expérience que les jeunes diplômés n'ont pas toujours, malgré eux, et certains amis de la fac ont carrément changé d'orientation parce qu'ils ne trouvaient pas de place comme professeur "débutant". Ca me scandalise parce que j'ai l'impression qu'on prend les jeunes, qui sont plein d'énergie, prêts à donner énormément de leur personne pour travailler, pour des incompétents à écarter à tous prix. J'ai certes vu des catastrophes chez des nouveaux enseignants, et ce rien que pendant 5 mois de stage, mais il y a aussi des bons, et exiger 12 ans d'expérience pour engager un prof sur 3 mois (si si, je l'ai vu!) c'est pas le meilleur moyen de nous stimuler pour continuer dans ce milieu. A mon arrivée à l'ANPE il y a bientôt un an, j'ai rencontré pas mal de profs de FLE, et les employés de l'agence pour l'emploi nous ont bien dit qu'ils avaient l'habitude de nous recenoir, à cause des petits contrats que nous décrochons généralement et qui font de nous une espèce d'"intermittents de la formation".
Je ne comprends pas comment notre pays qui est si fier de son rayonnement culturel peut ainsi maltraiter ses profs à l'intérieur de nos frontières en laissant se généraliser les cours d'appoint avec des bénévoles pas formés, dans des associations qui n'ont pas les moyens de faire autrement, et diminuer les subventions à l'étranger pour les alliances françaises. Le résultat est que seuls les stagiaires ou les gens sans aucune formation sont pris, et que les professeurs qui débarquent sur le marché triment pour décrocher un contrat.
Bien sûr il y a les contrats locaux, et si on est plus candidat au dépaysement qu'à l'enrichissement (au sens pécuniaire) et à partir d'un an d'expérience et deux ou trois lettres de recommandation, ça a l'air de rouler.
Je suis de ceux qui attendent de réunir ces conditions pour réaliser pleinement leur rêve d'enseignant...

-Une anecdote de classe à partager?

Je débute encore, mais je me souviendrai toujours d'un analphabête qu'on avait parachuté dans ma classe de FLE niveau 1 et à qui j'essayais désespérément d'apprendre à lire tandis que les 9 autres apprenaient le français. Nous avons fait un jour un cours sur la cuisine, et parlions de gousses d'ail. Et mon Malien analphabête nous a sorti : "et en anglais, c'est good night!". Ca a été un fou-rire mémorable.
Il y a eu aussi la foi où pour faire comprendre à un apprenant ce que signifait draguer, et parce que ça ne rentrait pas avec des mots... je l'ai dragué. Là aussi on a bien ri. C'était un rire nécessaire d'ailleurs, pour bien montrer qu'il n'y avait rien de sérieux et que le cours pouvait continuer.

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-Te sers-tu de ton blog, ou d'autres blogs, de façon professionnelle (en classe, pour communiquer avec tes élèves, etc.) ?


Pour tout dire j'ai trois blogs : un où je raconte ma vie, et où parfois je me défoule un peu ou narre mes anecdotes de classe, c'est mon espace d'expression. Par conséquent je fais généralement en sorte que tout le monde n'ait pas cette adresse : si j'ai envie de m'énerver très fort sur quelque chose qui s'est mal passé au boulot, j'ai pas envie que le lendemain on vienne le dire "alors comme ça je suis un prof/apprenant/stagiaire/etc. difficile à supporter?". C'est pas le but!
Le deuxième est un blog de dessin/bande dessinée, que je délaisse en ce moment par manque d'inspiration, rien à voir avec le travail, mais j'ai donné l'adresse à mes deux jeunes Américaines de 11 et 9 ans, qui ont presque le niveau pour comprendre, en me disant que puisqu'elles aiment, ça les stimuleraient pour continuer le français à la maison.
Le troisième est mon blog professionnel. J'y mets mes fiches de cours, mes exercices et mes meilleurs dossiers d'étudiante. Je l'alimente peu mais j'ai parfois de bons retours sur les contenus.
Je n'ai encore jamais utilisé de blog spécialement pour un cours de FLE, mais je garde cette idée dans un coin de ma tête, puisque j'ai vu faire par une amie en FLE et que ça semblait bien fonctionner, et que certains profs à l'université y avaient recours. Ca peut être très pratique comme support.

-La France te manque ? Penses-tu exercer la même profession en France ?)je crois que tu es de retour en France donc tu peux nous parler de la facon dont s'est passé ton retour.

En trois mois à Long Island, la France ne m'a manqué que culinairement et parce que certains de mes amis y vivent. Communiquer avec eux malgré le décalage horaire était compliqué et parfois je me sentais un peu toute seule... Mais comme je l'ai dit j'aime voyager, et mon séjour a été extraordinaire. Il y a eu quelques petites choses qui nerveusement n'étaient pas toujours évidentes : être dans une famille et non chez soi demande de gérer des emplois du temps et de dépendre toujours de l'autre, jouer avec des enfants quand on a 25 ans peut être agréable un temps mais il vient un moment où on aspire à autre chose. Au bout de 90 jours je me retrouvais mélancolique devant un film avec des paysages parisiens et j'ai été heureuse de rentrer : retrouver ma famille et passer les fêtes avec eux fut une grande joie. Mais j'ai mis un mois et demi à arrêter de pleurer sur New York, où je me rendais régulièrement, et qui me manque énormément.
J'ai repris mes habitudes d'avant le départ, en mieux puisque maintenant j'ai droit au RMI (youpiiie!) donc un peu plus d'autonomie financière, ce qui fait beaucoup de bien au moral, et je reprends le japonais, attends que les finances remontent pour commencer des cours de conduite, redonne des cours, donc je suis bien occupée et finalement assez contente d'être revenue.

-Où souhaiterais-tu enseigner dans le futur ?

N'importe quel pays dont je parle la langue, et surtout le Japon. Ce pays est splendide et je veux y vivre pendant un an au moins pour le découvrir de l'intérieur. Voilà pourquoi j'apprends le japonais, pour trouver plus facilement un travail là-bas. Mais avant ou après, j'aimerais profiter des opportunités de voyage offertes par le métier de prof de FLE.

kiraz4

-Où et comment trouves-tu du travail (internet, collègues, etc.) ?

Eh bien je cherche sur
fdlm.org et sur fle.fr, qui sont incontournables, mais ce qui a marché le mieux jusqu'ici, ce sont les relations : j'ai trouvé mon stage grâce à une collègue de fac qui ne voulait pas d'un poste qu'on lui offrait, elle m'a refilé le bébé. Mon apprenante japonaise m'a été présentée par la mère de ma meilleure amie, qui est japonaise aussi, et mon bénévolat en banlieue est parti d'une rencontre avec l'amie d'un ami, prof dans cette école.
Comme quoi...

MERCI Naik!
nitt
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