Adelaide, en Turquie
Merci Adélaïde d'avoir remplie ta copie, comme tu le dis si bien!
Vous pouvez la retrouver sur son blog, embarquement pour laTurquie :
Espèce de Bohémienne
-Hasard ou volonté, comment es-tu devenue prof. de FLE?
Un
peu des deux. J'ai commencé par me lancer dans des études variées (DUT
carrières sociales, maîtrise de sciences de l'éducation) un peu au
hasard de mes intérêts du moment sans réellement me projeter dans le
futur. Me disant que, je verrai bien...
Et puis tout s'est décidé alors j'étais en vacances à Madagascar (où
j'ai vécu plusieurs années) J'ai croisé le directeur de l'Alliance
Française que je connaissais déjà, on a discuté, et puis l'idée est
venue. Et est n'est plus repartie.
J'ai au départ fait le choix de ce métier pour pouvoir retourner vivre à Madagascar,
sans réel intérêt pour le boulot en lui-même.
Je
doutais même fortement avoir la patience nécessaire et suis partie pour
mon stage en Inde avec dans la tête que ça pouvait très bien ne pas du
tout me plaire.
J'ai adoré. Finalement je n' ai pas (encore)
travaillé à Madagascar mais par contre cette décision m'a amené à vivre
dans des pays que je n'avais jamais envisagé (Inde, Japon).
-Ou enseignes-tu actuellement et quel est ton public ?
J'enseigne depuis quelques mois à Ankara, en Turquie, dans un établissement scolaire privé. J'ai à charge des classes de primaire (des CP et CM2). Ces enfants, turcs, auront à partir du collège un enseignement bilingue turc/français, l'apprentissage du français leur est donc essentielle. C'est la première fois que je travaille avec des enfants et j'ai l'impression de commencer un boulot totalement nouveau.
-Comment s'est passé ton installation dans ton pays actuel ?
Très bien. L'administration turque a fait trainé mon dossier de visa une éternité, j'ai loupé la rentrée scolaire. J'ai donc du attraper l'année en cours. Mais une fois arrivée l'établissement m'a beaucoup aidé dans les différentes démarches (carte de séjour, recherche d'appartement, banque, sécu...)
-Avantages et inconvénients, c'est comment être prof. de Fle ?
Vaste sujet. Sujet de polémique même.
Sur les avantages tout le monde est d'accord: pouvoir pointer son doigt n'importe où sur la planisphère et pouvoir (potentiellement) partir y vivre, pouvoir rencontrer les gens du pays très facilement, et puis le métier d'enseignement est intéressant en soi.
Les inconvénients: Selon certains c'est la précarité du boulot. Je comprends cette position mais ne la partage pas forcément.
Les contrats sont presque toujours des CDD . Personnellement ça m'arrange puisque ça me permet de bouger d'un pays à l'autre au gré de mes envies.
Le salaire est rarement intéressant compte tenu que nous sommes
"expatriés".. Là aussi je désapprouve en partie. Je ne vois pas
pourquoi on devrait être payés au delà du niveau de vie local.
J'entends souvent qu'on doit être payé bien au dessus du niveau local
parce qu'on est loin de la France. Et qu'on est français. Et alors? On
va payer notre loyer et notre nourriture localement non? Alors je ne
trouve pas scandaleux qu'on soit payé localement. L'expatriation, on
l'a choisie à priori, je ne vois donc pas ce qu'il y a compenser. Par
contre je suis d'accord que les billets d'avions et sécu devraient
automatiquement nous être payés.
Mais attention je ne défends pas à
corps et à cris le "salaire d'expatriation" mais je ne crache pas non
plus dessus quand on me l'offre (comme maintenant) même si j'ai du mal
gérer l'inégalité qu'il met entre moi et mes collègues turcs.
-Une anecdote de classe à partager?
Celle que je retiens surtout c'est la première fois que je suis rentrée dans une classe, en Inde. 20 élèves, adultes, pour beaucoup de grands Sikhs barbus et enturbannés qui me regardaient et attendaient que je sois la "prof" et l'impression que je n'y ariverais jamais.
-Te sers-tu de ton blog, ou d'autres blogs, de façon professionnelle (en classe, pour communiquer avec tes élèves, etc.) ?
Pas
du tout. Ils n'en connaissent pas l'existence. Mais j'aime l'idée d'une
communauté de profs de FLE sur internet, je trouve que ça manque.
Pourquoi pas un blog collectif tournant autour de nos anecdotes de
classe justement, de nos réflexions sur la profession et l'expatriation
à trvaers le monde. Voilà, la perche est tendue...
-La France te manque ? Penses-tu exercer la même profession en France ?
La France ne me manque pas. J'adore y rentrer, surtout en été. Mais elle ne me manque pas particulièrement.
Par contre j'ai choisi de venir travailler en Turquie pour pouvoir être
plus proche de la famille et des amis. De pouvoir rentrer facilement et
rapidement si nécessaire, le trop grand éloignement commençait à me
peser après le Japon..
Je
n'envisage pas du tout de revenir travailler en France mais si la vie
m'y ramenait j'essaierais sans aucun doute de trouver un emploi dans le
FLE.
-Où souhaiterais-tu enseigner dans le futur ?
Madagascar évidemment. Sauf pour un poste à Madagascar, je ne pense pas que j'accepterais de partir plus loin que la Turquie.Très intéressée par le monde arabo-musulman si je quitte la Turquie je pense donc rester quelque part autour de la méditérranée: la Syrie, la Jordanie, le Liban m'intéressent. L'Iran aussi et la Pakistan aussi mais ça commence à faire loin, il faudrait que le poste soit vraiment intéressant.
-Où et comment trouves-tu du travail
(internet, collègues, etc.) ?
Internet essentiellement: fle.fr ou fdlm.org
J'aime aller voir les annonces qui y sont même si je ne cherche pas boulot en ce moment. C'est autant de fenêtres ouvertes.